Duo de lumières [Evangeline Hernandez]

La jeune professeur de maîtrise des pouvoirs s’était levé tôt aujourd'hui et ce malgré que ses cours se passent le plus souvent en fin de journée. La cause demanderez vous ? Et bien être à la fois professeur principale et professeure référent, ça donne à la fois beaucoup de responsabilités et beaucoup de travail, et on ne mentira pas si Evangéline était à fond dans la préparation de ses cours, elle trouvait toujours le moyen de se mettre en retard sur l'administratif. Assise à son bureau, elle soupirait à un rythme effréné devant la pile de dossier qui semblait ne jamais descendre. Heureusement que Théliel était là pour lui rappeler pourquoi elle avait choisi ce métier et aussi qu'elle avait déjà surmonté bien pire qu'une simple pile de dossiers scolaires divers et variés.

La lassitude finissant par s'emparer d'elle, elle décida d'aller faire un tour. D'abord dans la cour où elle croisa quelques élèves qui n'avaient pas cours, elle ne savait pas si c'était elle où sa notoriété qui faisait le travail, mais la plupart des élèves n'avaient pas vraiment de mal à l'approcher ou à lui parler. Et ça lui faisait plaisir quand on entend à côté tous les clichés sur les professeurs détestés.

Elle finit par se laisser porter jusqu'à la salle de musique après tout cela faisait un bon moment qu'elle ne s'était pas arrêté pour pousser la chansonnette, ce ne fut que lorsqu'elle posa sa main sur la poignée qu'elle entendit que la salle était occupée. Un son qu'elle ne connaissait que trop bien s'en dégageait, le duo des fleurs. Du moins la partie de Lakmé au chant et la seconde voix en quelque sorte au piano. Elle resta un instant à simplement écouter, un fin sourire au lèvres.

"Vas-y... Tu en meurs d'envie."
"Attends..."

Elle attendit le solo avant de pousser la porte avec une grande délicatesse, elle la referma sans bruit un bruit, attendant son moment, "je tremble, je tremble d'effroi !" elle rattrapa la seconde voix, cela faisait une éternité qu'elle n'avait plus chanté de cette manière et alors qu'elle ouvrait la bouche, laissant les sons et les mots instinctivement se mêler, elle s'avance doucement jusqu'au piano tout en observant la jeune fille qui y est installé, ses cheveux aussi blonds que le soleil et sa voix, quelle voix. Evangéline aurait sûrement tué au même âge pour être capable d'en faire autant.

Elle lui fit signe de ne pas s'arrêter de chanter, elle aimerait bien aller jusqu'au bout, quand bien même elle était loin d'être la meilleure en chant lyrique, l'ensemble lui semblait tout de même beau et harmonieux et il serait mal approprié d'interrompre un tel ensemble maintenant, alors de sa main droite, elle lui faisait signe de continuer alors qu'instinctivement sa main gauche donnait le ton à la manière d'un chef d'orchestre.

Evangéline s'avança simplement, jusqu'à rejoindre la jeune fille au niveau de l'instrument et continua de chanter jusqu'à la fin. La sensation qui en résultat fut pareil à un vent de fraîcheur car en effet depuis qu'elle avait arrêté la scène pour venir enseigner, elle ne prenait plus autant de temps qu'avant pour la musique, alors elle tâchait de privilégier et de profiter au maximum de ceux ci. Elle secoua doucement la tête lorsque la jeune française fit mine de vouloir quitter la salle pour la lui laisser.

"Ne te gêne surtout pas pour moi, continue ! C'était magnifique !"

Les jeunes talents n'étaient pas aussi rare qu'on le croyait en revanche une voix comme celle-ci n'était pas aussi aisément imitable et on était là bien au delà de ce qu'on appelle le simple talent, car celui ci avait déjà commencé à fructifier et la pratique en ferait sûrement quelque chose de grandiose avec le temps.

"Et je t'en prie, ce n'est pas tellement mon répertoire mais j'apprécie beaucoup le chant lyrique. Tu pratiques depuis longtemps ?"

La curiosité commençait à gagner Evangéline alors qu'une bonne dizaine de questions commençaient à se bousculer au portillon alors que Théliel échappa un léger ricanement peu surprise par l'intérêt soudain que son hôte portait à la jeune fille. Elle savait que même si elle avait quitté la lumière des projecteurs, la musique restait pour elle une passion et un mode de vie dont elle ne sortirait probablement jamais, mais ça lui allait, la déesse n'avait pas besoin de l'attention du professeur, elles se connaissaient assez pour faire chacune leurs vies sans pour autant jamais se "quitter".